Le corridor de Ouidah
(2022)
Située à 42 kilomètres de Cotonou, capitale économique du Bénin, Ouidah est une ville côtière à l’histoire particulièrement riche et tragique. Elle a été aux XVIIIe et XIXe siècles l’un des principaux centres de vente et d’embarquement d’esclaves lors de la traite transatlantique. Ouidah constitue aussi l’un des pôles spirituels essentiel du pays et l’une des terres originelles du Vodun. Elle se démarque par son endémique patrimoine matériel et immatériel et son interaction constante entre le profane et le magico-religieux.
En novembre 2022, aidé par l’artiste Togbé Adjos dans la coordination technique, j’ai réalisé une série photographique mettant en scène des portraits et des situations en lien avec la mythologie et la mémoire locales. J’ai toujours aimé l’idée du regard porté sur l’autre dans cette volonté d’appropriation d’une histoire tendant à l’universel. Dans certains clichés, j’ai utilisé un linceul, drap mortuaire par excellence, qui symbolise ici le rapport aux ancêtres, aux esclaves morts outre-atlantique mais qui fait référence aussi à la notion essentielle de passage. Car, le corridor de Ouidah est un passage d’un monde à un autre, d’une culture à une autre, d’un état d’âme à un autre, c’est une parenthèse spatio-temporelle qui, malgré les apparences, ne semble jamais se figer… loin de confiner l’Afrique au ressassement d’un passé exclusivement traditionnel. Les portraits sont effectués in situ dans la ville et ses alentours. La théâtralité se joue dans un décorum naturel, constitué par le patrimoine culturel et cultuel de cette cité historique.