Portraits-robots
(2009 – 2010)
A partir d’une base de données photographiques, j’ai réalisé ces portraits robots en assemblant par simples « copier-coller » des éléments de visages communs : yeux, nez, bouche, front, cheveux… comme j’aurais pu le faire avec des ciseaux et de la colle à l’instar de la confection d’un puzzle. L’humain est par définition singulier et pluriel, ne sommes-nous pas à la fois tous pareils et tous différents ; en cela les visages ainsi obtenus sont tout aussi aberrants que potentiellement vraisemblables. Pourtant, il ne s’agit pas de portraits virtuels, ni même de morphings, car aucune prouesse technique n’est nécessaire à leur exécution et leur but ne consiste pas à simuler ou à paraître plus réel que le réel, mais bien de révéler le montage et l’emboîtement des formes dans une quête identitaire ludique. Car le portrait robot est généralement reconstitué à partir de témoignages, liés aux souvenirs d’une identité perçue le plus souvent de façon fugace…
Tout comme notre mémoire, les lois de la génétique peuvent nous jouer des tours et nul besoin d’être un criminel recherché par la police judiciaire pour que des fragments de visages puissent former un ensemble plus ou moins cohérent et expressif. Paradoxalement, au nom d’un idéal de société démocratique et libertaire, l’individu se retrouve quant à lui de plus en plus fiché et contrôlé. Nos empreintes visuelles et digitales deviennent des informations précieuses, répertoriées et classifiées avec le plus grand soin. Ce travail est un jeu de mémoire et de construction visuelle, une imbrication d’éléments de visages vus ou aperçus, déformés ou rajustés, mais au final nécessairement photographiés. Il mène à l’apparition de portraits improbables et pourtant bien humains.