Lieux d’ici

(2004 – 2005)

Dans la con­ti­nu­ité de mon tra­vail précé­dent inti­t­ulé « Lieux d’ailleurs » qui évo­quait la ren­con­tre de ter­ri­toires déshu­man­isés avec une nature plus ou moins lux­u­ri­ante, j’ai pour­suivi mes recherch­es pho­tographiques en inté­grant dans mes images des vues d’usines, de silos, de châteaux d’eau ou autres sym­bol­es de notre société post indus­trielle si chers à Bernd et Hilla Becher.
Loin d’envisager comme eux toute forme d’inventaire typologique sur les archi­tec­tures indus­trielles et la rela­tion entre fonc­tion­nal­ité et esthé­tique, j’ai favorisé l’aspect allé­gorique de ses struc­tures dans leur capac­ité d’intégration avec mon image « matrice », représen­tant des lieux aban­don­nés, dépouil­lés de vie et d’être.
Les intérieurs de hangars désaf­fec­tés, de vieilles bâtiss­es bour­geois­es ou de maison­nettes ouvrières dépe­u­plées s’ouvrent par des fenêtres réelles ou imag­i­naires, le plus sou­vent par de sim­ples trous dans les murs, sur des usines/machines qui sug­gèrent la pro­duc­tiv­ité, l’industrialisation et éventuelle­ment la souffrance.
Para­doxale­ment, ces struc­tures de métal sont par­fois très belles, sou­vent impres­sion­nantes de présence, elles répon­dent comme un écho dans une sup­posée rela­tion de cause à effet à mon pre­mier tra­vail : les machines ne seraient-elles pas le sym­bole de la fin d’une époque ? Mod­erni­sa­tion, mécan­i­sa­tion, stan­dard­i­s­a­tion à out­rance… comme si ces intérieurs abi­o­tiques n’en étaient finale­ment que le résultat.