Lieux d’ailleurs

(2001 – 2003)

Con­fon­dre les unités de temps et d’espace, créer des inter­férences entre le proche et le loin­tain, telle est ma déf­i­ni­tion d’un jeu pho­tographique visant à fab­ri­quer un univers visuel sans fron­tières. Au tra­vers de pho­togra­phies anci­ennes ou récentes, de sites fam­i­liers ou anonymes, proches ou dis­tants mais inévitable­ment trans­fig­urés par l’image, je cherche à provo­quer une col­li­sion entre le lim­itro­phe et l’éloigné, le sin­guli­er et le stéréo­type, entre mon vécu et mon imag­i­naire. Le « métis­sage pho­tographique » s’exprime par l’assemblage de dif­férents frag­ments de clichés réal­isés dans des lieux et à des moments dis­tincts, en une nou­velle pho­togra­phie com­pos­ite mais orig­i­nale, virtuelle mais ayant sa pro­pre his­toire : deux ou trois images ne for­ment, après mon­tage et col­lage, sou­vent plus qu’une seule. Les plages ren­con­trent les lieux voués à la démo­li­tion ou au réamé­nage­ment, d’exotiques paysages tapis­sent les murs ou les façades, les bor­ds de fleuves abreuvent les frich­es d’usines désaf­fec­tées, des lignes et des formes géométriques s’interposent ou com­plè­tent une per­spec­tive illu­soire… Par­al­lèle­ment, de vieilles bâtiss­es bour­geois­es s’ouvrent par des fenêtres réelles ou imag­i­naires, le plus sou­vent par de sim­ples trous dans les murs, sur des usines/machines qui sug­gèrent la pro­duc­tiv­ité, l’industrialisation et éventuelle­ment la souf­france. Dans ce tra­vail, les lieux aban­don­nés évo­quent la présence passée de l’homme, comme si la nature, aujourd’hui trop sou­vent bafouée, repre­nait enfin ses droits.