Bonne année

(2006)

Dans une société qui prêche la par­ité, l’égalité entre les sex­es s’imposant par des lois et par des quo­tas indis­pens­ables, l’image de la femme s’affiche tou­jours de façon plus réduc­trice et machiste. Clips musi­caux, mag­a­zines, émis­sions télé, pub­lic­ités en tout genre révè­lent d’autres stan­dards, d’autres modes de représen­ta­tion, soumis aux dures lois d’un marché pour lequel le corps et son image sont des pro­duits comme les autres.

Dans ce par­cours pho­tographique, j’ai cher­ché à associ­er des por­traits d’homme à l’effigie symp­to­ma­tique de la femme objet, éro­tisée (ou devrais-je plutôt dire « pornographiée ») à l’extrême ; représen­ta­tion de fig­ures et d’anatomies issues d’un ghet­to du sexe figé sur papi­er glacé : le cal­en­dri­er du « camionneur ».

Des vis­ages d’hommes sont cadrés très ser­rés, sou­vent flous, fix­ant ou fuyant l’objectif, sans honte ni fierté mais tou­jours affil­iés à un corps de femme dénudé en arrière plan. Douze por­traits comme les douze mois d’un cal­en­dri­er où cha­cun de nous pour­rait se regarder en face, prenant ren­dez-vous avec sa soli­tude et sa détresse affec­tive… Douze ren­con­tres impos­si­bles entre l’humain sans iden­tité et l’icône sup­posée fémi­nine : expres­sion d’un mal être et d’une chair tout autant fan­tas­mée que méprisée. Défaite du sujet… entre rêve et vacuité.

« Bonne année » est le pre­mier volet d’une réflex­ion pho­tographique sur le rap­port entre l’icône et le portrait.